« Carnets de voyage. Chapitre : LE CHAT »

« Il pose sur le monde un regard bienveillant, un regard plein de justesse et de compassion…

Et dans la même tendresse qu’une mère sur son enfant, il observe, apprend, mais jamais ne juge.

Il aurait, dit-on, la délicatesse des anges… »

« Il aurait échoué là pour être tranquille, loin du tumulte de la ville, loin de tout ce qui a constitué, à ses yeux la difficulté de la vie. Après avoir traversé bien des rivages et essuyé bien des naufrages, il aurait trouvé derrière cette porte abandonnée, son refuge ; petit lopin de terre garni de victuailles, lorsqu’on les cherche bien…

Dans des temps reculés, mythe ou légende, il était dit de lui qu’il était fier; arrogant de sa fourrure, le verbe haut du cri de ses conquêtes et de sa fougue en ciels étoilés. Il aurait été, paraît-il, de la très très haute société, là où, semble-t-il, on veille à ne pas mélanger les paniers pour les torchons et les serviettes, où l’on ne fait pas du lait avec de l’eau, et où, lorsque la nuit se fait grise, aucun chat ne sort, craignant d’être confondu avec tous les autres !

Il aurait eu bien des histoires, selon les « on dit », toutes aussi surprenantes les unes que les autres. Peluche d’enfant dans ses heures douces, Dandy ronronnant au charme certain et au pas assuré, piaffant devant les demoiselles rieuses de s’en amuser, ou encore chasseur du dimanche en basse cour, belliqueux autant que joueur…

Mais comme bien d’autres en des temps sombres, il dû tout quitter, afin de se protéger des dangers environnants. Et il y en eu, des moments terrifiants, dont un plus menaçant et plus terrible que tous les autres, où il craignait pour sa vie et celle de ses proches. Vivre devint alors la priorité!

Par refus de tenter en vain de vivre des ruines du chaos, il partit donc, en espérant un jour goûter au bonheur d’une vie simple, à la délectation du répit des jours heureux. Dans un élan de courage, vif de sa jeunesse, il gravit alors les plaines et les montagnes, traversa des continents entiers, cherchant toujours plus loin, un coin de paradis et de paix, laissant loin de lui le monde de l’apparat…

Après de multiples voyages, la sueur séchée au gré des vents, la tristesse de l’abandon en son cœur, et les douleurs de son passé en son silence riche de désillusions, il comprit, que de son chemin pouvaient naître de belles choses, et que de ses apprentissages tout pouvait changer pour rendre à la Vie ses meilleurs jours. Ses rêves pourraient alors devenir réalité.

Depuis, dit-on, certains lui auraient vu poussé des ailes…

Les enfants des contrées lointaines, à l’époque racontèrent qu’un jour, il apparut dans un soleil et que de lui jaillissait tant de lumière qu’il les éblouit de ses rayons …

D’autres racontèrent qu’il sauva une petite fille de la noyade au détour d’une promenade, la guidant pour la faire sortir des flots incertains avant de la réconforter. D’autres encore, racontèrent qu’il était si majestueux et si souple, que d’un bond, il passait au dessus de leurs têtes, des toits et des arbres, en flottant dans les airs… Qu’il serait même touché par la Grâce !

Ou encore, qu’il avait été un Homme au temps jadis et qu’il aurait fait le Voeu de devenir un Chat!

Il a fait tant de choses !

Et surtout il a tant vécu…

Il est devenu, de ses sept vies en une, la bonté et la sagesse incarnées !

Alors depuis, aujourd’hui comme chaque jour, il pose sur le monde un regard bienveillant! Un regard plein de justesse et de compassion. Et dans la même tendresse qu’une mère sur son enfant, il observe, apprend, mais jamais ne juge.

Il aurait, dit-on, la délicatesse des anges…  »

© Julie MECHALI / Tous droits réservés (photo et texte)